Ce pèlerinage à la première paroisse fondée au Burundi à Muyaga en province Cankuzo en 1898 par les Missionnaires Blancs s’inscrit dans le cadre de l’année jubilaire de 125 ans d’évangélisation ouverte au sanctuaire de Mont Sion Gikungu à Bujumbura le 1er Octobre 2022. Il se place par ailleurs dans le contexte de la formation du Cœur que le Réseau Caritas Internationalis recommande à toutes les Caritas.
« Le Pèlerinage est une autre façon de prier comme la récitation du rosaire et la lecture des écritures saintes. C’est donc un moyen de prier que Jésus lui-même nous a révélé quand il se rendait chaque année à Jérusalem », a expliqué Abbé Aloys CAMBARA, Curé de la Paroisse de Muyaga en même temps responsable du Sanctuaire Sacré Cœur de Jésus, avant d’ajouter que le pèlerinage signifie également que la vie sur la terre n’est qu’un passage et que les chrétiens devront garder cela à l’esprit dans tout ce qu’ils font chaque jour pour avoir une place au ciel.
Revenant sur l’historique de l’implantation de cette paroisse qui va célébrer ses 125 ans le 26 Août 2023, Abbé Aloys CAMBARA a indiqué que la Paroisse de Muyaga est l’aboutissement d’un long trajet pour les premiers Missionnaires qui, après avoir échoué à pénétrer au Burundi en passant par les rives du lac Tanganyika à Rumonge ont dû passer par l’est en province de Cankuzo et s’installer de façon transitoire à MISUGI non loin de la frontière avec la Tanzanie où ils avaient déjà une base arrière. C’est à cet endroit que fut célébré pour la première fois au Burundi la Fête de Noel. En revanche, la Fête de Pâques sera plus tard célébrée à Muyaga où a été installée la première paroisse. C’est pour cette raison, précise Aloys CAMBARA, que l’histoire de l’Eglise confère à Misugi le statut de Bethlehem et Muyaga le statut de Jérusalem de l’Eglise Catholique du Burundi.
Visite guidée
La première étape de ce voyage passionnant a été la sacristie. Dans cette place, on y trouve une croix sur laquelle on a posé un bocal contenant un morceau de la croix sur laquelle Jésus a été crucifié. Ce morceau de la croix se trouve uniquement dans l’Eglise de la Paroisse de Muyaga et celle de Mugera. Bénite le 17 juin 1917, l’Eglise de Muyaga garde, curieusement, la plupart de ses matériaux de construction à l’exception de la toiture et du pavement qui ont été remplacés. Les arbres ayant servi pour la construction de cette Eglise viennent de la forêt de Budega en République Unie de Tanzanie, précise Abbé Aloys CAMBARA.
A l’entrée de l’Eglise sur le côté gauche, on y trouve la croix de Misugi installée à cette Eglise en 1966.Celle -ci avait été récupérée après un feu de brousse qui a consumé tout le couvert végétal et forestier de l’endroit où elle avait été posée. Avec une couleur noire montrant le sillage de ce feu qui l’avait pourtant brulé, la croix est toujours intacte, ce qui étonne plus d’un. De l’autre côté de l’entrée de l’Eglise, se trouve la tombe du Révérend Père Jean Marie Vianney le Port. Celui-ci fut le premier curé de la Paroisse de Muyaga pendant 40 ans. On lui doit beaucoup de réalisations, raconte Abbé Aloys CAMBARA, entre autres la formation des premiers Prêtres et Sœurs, la mise en place de la première école primaire du Burundi en 1907, la création du premier dispensaire en 1920, la fondation du mouvement eucharistique et l’initiation des catéchistes dans les succursales.
Après l’Eglise, c’est le Sanctuaire du Sacré Cœur de Jésus. A l’intérieur, se trouve l’Autel qui a précédé la construction de l’Eglise de Muyaga. C’est sur cet Autel que les premiers Missionnaires célébraient en plein air la messe. Selon les témoignages historiques, la pluie n’a jamais perturbé la messe. Il pleuvait soit avant soit après et jamais pendant la messe. Cet Autel est donc le symbole de l’Alliance Sainte de Dieu avec nos ancêtres, précise Abbé Aloys CAMBARA.
En escaladant la colline tout droit devant l’Autel, on arrive à l’endroit où a été placé le Sacré Cœur de Jésus. En bas, se trouve un petit carré constitué de carreaux sous lesquels on a mis un morceau de la pierre de la montagne de Tabor et de l’eau du Jourdain. Des Miracles se réalisent pour les gens qui viennent se confier au Sacré Cœur de Jésus, attire l’attention des Pèlerins le Curé de la Paroisse de Muyaga.
Non loin du Sacré Cœur de Jésus se trouve le tombeau de Jésus. Il est constitué de trois pierres qu’on a trouvé à cette place même. Aucune touche n’a été apportée sur ces pierres. Devant se trouve le statut de l’Ange de la résurrection qui a poussé la pierre qui était sur la tombe de Jésus.
Avant de terminer leur voyage riche en enseignement biblique, les Pèlerins s’arrêtent sur la grotte de Elie. Celle -ci lui avait servi de refuge quand il était poursuivi par le Roi Akab et sa Femme pour avoir refusé le polythéisme et la croyance obscure qui y était associée. Juste après en continuant à escalader la colline, on arrive au sommet le plus culminant. Là-bas, on y découvre la croix de Muyaga. Elle est la seule croix des premières paroisses qui reste. Celle de Mugera et de Buhonga ont déjà disparu, raconte toujours le Curé de la Paroisse de Muyaga.
Contexte de l’année jubilaire de 125 ans
Selon le Secrétaire Général de Caritas Burundi, Abbé Jean Baptiste HAKIZIMANA, le pèlerinage à la Paroisse de Muyaga s’inscrit dans le cadre de la célébration de l’anniversaire de 125 ans d’évangélisation au Burundi.
« Comme l’Eglise catholique est dans cette joie, Caritas Burundi partage également ce sentiment de fierté et de bonheur surtout que sa mission est basée sur Jésus qui nous a donné le commandement suprême d’amour. C’est cette bonne parole qui est le fondement de la mission de Caritas », indique-t-il « venir faire le pèlerinage à cet endroit où les premiers Missionnaires ont prêché la parole de Dieu, c’est venir se ressourcer et puiser la force nous permettant d’accomplir notre mission en ayant la grâce du Sacré Cœur de Jésus. Nous voulons y puiser cet Amour que Jésus nous recommande dans notre mission de charité », a-t-il poursuivi.
Au-delà de ce contexte, le Pèlerinage à la Paroisse de Muyaga cadre très bien avec la stratégie du Réseau Caritas Internationalis qui recommande à toutes les Caritas de mettre sur leurs agendas l’organisation au profit des personnels des séances de formation du Cœur.
En dernier lieu, l’autre objectif, poursuit Abbé Jean Baptiste HAKIZIMANA, c’est d’offrir au Personnel de Caritas Burundi une occasion de repos et de récréation.
« Je me réjouis que le personnel se soit bien reposé et spirituellement épanoui avec leur séjour ici à la Paroisse de Muyaga. Ceux qui sont venus pour la première fois ont même indiqué que le temps est devenu très court. Ils ont émis le souhait d’organiser une autre occasion dans les jours à venir. Je suis vraiment très content que le séjour a été d’une grande importance pour le personnel », témoigne Abbé Jean Baptiste HAKIZIMANA, Secrétaire Général de Caritas Burundi.
Occasion de contempler le parc de la Ruvubu
Sur le chemin de retour à Bujumbura au siège du Secrétariat Général de Caritas Burundi, les Pèlerins ont profité de l’occasion pour emprunter la route passant dans le parc National de la Ruvubu en vue de contempler les richesses de ce périmètre intégralement protégé et jouissant du statut de la convention Ramsar.
« C’est dans l’esprit de l’Encyclique LAUDATO SI’ du Pape François que nous avons trouvé très utile de passer dans le Parc National de la Ruvubu en vue de contempler ses richesses fauniques et floristiques », indique Abbé Jean Baptiste HAKIZIMANA, Secrétaire Général de Caritas Burundi.
Avec ce passage, a-t-il conclu, « Nous avons voulu montrer au personnel combien il est très important d’œuvrer en faveur de la protection de l’environnement comme le recommande le Pape François à travers l’Encyclique LAUDATO SI’. C’est en somme une occasion non seulement de rendre grâce à Dieu pour tout ce qu’il a créé mais aussi d’avoir l’inspiration d’initier toujours des interventions intégrées pour la protection de notre maison commune »